En novembre 2022, la Fondation VSocial a accompagné Caguán Expeditions dans son troisième festival de rafting « Pagayer pour la paix ».
Caguán Expeditions est une organisation qui opère dans une région de Colombie qui a souffert de discriminations après les conflits des années 1990. Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont opéré pendant plus de 50 ans en Colombie. Mais depuis l’accord de paix de 2016, les guérilleros ont déposé les armes et les ont remplacées par des rames, organisant des excursions en rafting sur les rivières méconnues de la région. V Social travaille avec Caguán Expeditions depuis mars 2022.
V Social participe au festival d’aviron dont l’objectif est de réunir la communauté et démontrer le pouvoir du tourisme, de la paix et de la réconciliation pour initier le changement. Nous étions très heureux de pouvoir participer au festival de cette année et d’observer les développements sur le terrain.
Pour se rendre à San Vicente del Caguán, il faut compter une heure de vol depuis Bogotá. Ce qui est aujourd’hui un court trajet a longtemps été un parcours du combattant. Il y a encore quelques années, ce territoire était interdit à toute personne étrangère à la région, appelé « zone rouge » en raison de la présence de guérilleros et des affrontements fréquents avec l’armée.
Nous avons rencontré Michele, une jeune femme de 18 ans qui est guide touristique dans la région. Elle est née dans les montagnes, au beau milieu des affrontements et des bombardements incessants du début des années 2000. Ses parents faisaient partie des troupes des FARC et l’ont laissée à la garde de leur famille en ville. Ce n’est qu’après la signature de l’accord de paix qu’elle a pu retourner sur le territoire. Michele nous a parlé de sa vie et de sa famille, et nous a dit combien elle chérissait la promotion de la paix dans sa communauté. Elle a déclaré que la collaboration n’est pas une option ici, mais une nécessité.
Michele nous a emmené·e·s dans un musée organisé par d’anciens combattants pour partager leur histoire et faire connaître la vie des guérilleros. Le musée conserve des témoignages et du matériel tel que de vieilles radios et des uniformes. « Si nous ne racontons pas notre histoire, personne ne comprendra pourquoi il y a eu une guerre pendant tant d’années », a déclaré Michele.
Alors, pourquoi se tourner vers le tourisme ? Nous avons interrogé Michele à ce sujet : « Nous avons un devoir de mémoire, mais nous devons également offrir aux ex-combattants des alternatives économiques pour leur bien-être. Et c’est tout ce que le tourisme représente pour nous : une chance de rester sur notre territoire. C’est en tout cas notre souhait le plus cher. »
V Social a réaffirmé son engagement envers le territoire et son objectif de le transformer par le biais du tourisme. Nous avons pu constater à quel point les activités touristiques étaient essentielles pour améliorer la qualité de vie des habitant·e·s et façonner leur lieu de vie comme ils l’entendent. « Voir grand » : c’est de cette façon qu’un ancien combattant nous a décrit l’approche du groupe dans son travail de transformation.
Michele illustre parfaitement comment ce projet et le rôle des jeunes peuvent faire bouger les choses. Elle subvient à ses besoins et peut envisager un avenir. Elle profite enfin d’un environnement d’une grande beauté naturelle sans craindre d’être à nouveau témoin d’une guerre ou de destructions.
Et cela a un effet tout aussi considérable sur les visiteur·euse·s de la région. Le fait de voir le territoire aujourd’hui, d’interagir avec la communauté et de visiter le musée retraçant l’histoire de la région change les perspectives de chacun·e. À San Vicente del Caguan, on constate que les fusils ont cédé la place aux pagaies, et que la rivière qui divisait autrefois des territoires unit aujourd’hui les populations dans un esprit d’aventure. Les communautés sont encouragées à prendre soin de la nature qui les entoure, et les visiteur·euse·s sont inspiré·e·s par ces efforts.
Le festival d’aviron a été un succès total, dépassant toutes les espérances sur le plan du nombre, de la coopération et de la joie. Dans une région chargée d’histoire, au beau milieu de la jungle colombienne, l’expression « Voir grand » prend tout son sens. Cela tient aux liens que l’on tisse et au fait d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi, en se joignant aux jeunes, femmes et hommes, qui travaillent dur pour construire un avenir radieux. Leur avenir.