Blog sur le tourisme communautaire - V Social

L'importance du tourisme indigène

Rédigé par V Social | 22 janv. 2024 11:11:56

Le monde compte 476 millions d'autochtones, soit environ 5 % de la population mondiale. Ce chiffre dépasse celui de l'Europe d'environ 20 millions de personnes. 

On estime également que la population autochtone mondiale parle environ 4000 langues différentes, contre 24 langues officielles et 200 langues parlées en Europe.

La langue n'est qu'une composante de la culture, qui en compte bien d'autres à explorer. Chaque culture est un monde à part entière, plein de connaissances, d'histoires et de richesses.

Afin de sauvegarder et de protéger le patrimoine culturel, un mouvement de tourisme autochtone est en cours. Le tourisme autochtone, ou tourisme des Premières nations, désigne les entreprises touristiques qui sont principalement détenues, gérées et dirigées par des autochtones. L'objectif est de renforcer le lien et la responsabilité envers la communauté autochtone locale et les territoires traditionnels où les opérations touristiques sont basées.

 
Pourquoi certaines communautés autochtones optent-elles pour le tourisme ?

De nombreuses communautés autochtones sont confrontées au fait qu'elles ne possèdent pas leurs propres terres, qu'elles y vivent depuis des générations ou qu'elles aient été expulsées de leur territoire traditionnel. Cette situation est aggravée par le fait que les zones rurales habitées par les peuples autochtones sont souvent riches en ressources telles que le gaz naturel, le pétrole ou les minéraux, ou qu'elles jouent un rôle important dans la production d'énergie hydroélectrique. Cela intensifie le potentiel de conflit autour des droits fonciers, en particulier lorsqu'il s'agit de projets d'infrastructure et d'extraction qui impliquent les communautés autochtones, l'État et le secteur privé. 

En outre, les populations autochtones sont plus susceptibles de souffrir de pauvreté et de malnutrition en raison de l'absence de filet de sécurité sociale ou de ressources économiques. Les opportunités de travail disponibles les rendent souvent vulnérables aux violations des droits de l'homme. De nombreux groupes autochtones ont des difficultés à accéder à l'éducation et aux soins de santé, ce qui limite également leurs possibilités et accroît le risque de marginalisation. Les femmes sont encore plus touchées par cette situation.

Le tourisme indigène est une réponse à cette situation et à la nécessité de défendre les droits collectifs. L'activité touristique peut renforcer une communauté et soutenir les efforts de récupération des droits territoriaux. L'activité touristique sur le territoire sur lequel ils vivent contribue à la création d'emplois et à la possibilité de rester sur leur terre. Les services touristiques liés à l'artisanat, à la gastronomie ou à l'hébergement amènent souvent les femmes à diriger ces entreprises, ce qui leur donne la possibilité de gagner un salaire indépendamment d'un partenaire, remettant en cause les structures sociales fondées sur le genre.

L'engagement dans le tourisme représente également un moyen de reconstruire la mémoire historique et ancestrale, y compris les traditions que les populations indigènes peuvent avoir abandonnées, pour que leurs enfants ne soient pas exclus en raison de leur race ou de leur langue. Par conséquent, à travers le tourisme, la culture est également sauvegardée. 

Cela étant dit, il convient de noter que le tourisme n'est pas une panacée et qu'il est essentiel qu'il reste une source de revenus facultative qui renforce les autres activités économiques au lieu de les remplacer.

 
En quoi le tourisme autochtone diffère-t-il des autres activités touristiques ?

Le tourisme autochtone est profondément ancré dans la culture de la communauté d'accueil. Il est intimement lié à leurs traditions, à leur cosmovision et à leur mode de vie communautaire. Il est très différent des services touristiques qui sont fournis sans aucun lien avec la culture locale. Et comme les cultures autochtones sont très liées à la nature et aux connaissances ancestrales transmises de génération en génération, le tourisme permet aux visiteur d'apprendre et de se rapprocher de la nature d'une manière qu'ils n'auraient peut-être jamais connue auparavant.

Les recherches montrent que lorsque les communautés autochtones contrôlent les terres, la biodiversité s'épanouit. Cela montre que ce type de tourisme et d'échange interculturel est également bénéfique pour la protection de l'environnement.

Le tourisme dans les communautés autochtones permet également de remédier aux difficultés d'accès à un emploi décent, au manque d'éducation ou à l'absence d'infrastructures publiques sur le territoire. Le tourisme devient donc une force économique pour la communauté, tout en favorisant la compréhension interculturelle et en aidant les autochtones à retrouver leurs savoirs ancestraux.

 

Le tourisme autochtone en Amérique latine

Les groupes autochtones représentent environ 8,3 % de la population d'Amérique latine. Ce chiffre ne tient pas compte des groupes métis - ceux dont l'héritage est à la fois espagnol et autochtone - qui n'apparaissent pas dans les statistiques.

Les groupes indigènes d'Amérique latine souffrent d'inégalités sociales, l'État et l'État de droit étant peu présents ou totalement absents dans les régions rurales. Les infrastructures de santé, d'éducation et de transport sont moins nombreuses pour les populations indigènes, en particulier par rapport aux résidents urbains.

Pour pallier le déficit actuel de représentation, plusieurs groupes autochtones des pays d'Amérique latine s'organisent pour défendre et faire progresser leurs droits collectifs et la reconnaissance de leur culture. Le nombre croissant de groupes et d'organisations touristiques autochtones, en particulier dans des pays comme l'Équateur et la Bolivie, témoigne de l'engagement de ce mouvement en faveur de l'amélioration de la qualité de vie.

Les voyageur·euse·s internationaux sont récompensés en se voyant proposer des façons de voyager plus significatives, plus impactantes et plus transformatrices. C'est pourquoi V Social s'engage dans des initiatives de tourisme communautaire et soutient les efforts des groupes indigènes. Ils sont un véritable exemple du pouvoir du voyage et de la façon dont le tourisme peut être une force au service du bien.